Berliner Gramophone

His Master's VoiceLa Berliner Gram-o-phone Company, considérée comme la première marque de gramophone, est créée en 1893 par Emile Berliner, l’inventeur de l’appareil. La compagnie a pour but de commercialiser son invention et ainsi concurrencer les entreprises de phonographes à cylindre fondées quelques années plus tôt.

Bien que la première joint-venture de Berliner soit réalisée en Allemagne en 1889 avec le fabricant Kammer & Reinhardt, Berliner décide de fonder sa première compagnie américaine, The American Gramophone Company, à New York. Cependant, la société s’effondre avant même de commercialiser une seule machine ou un seul disque. De retour à Washington DC, Berliner essaye à nouveau de développer sa société sous le nom de United States Gramophone Company et commence à fabriquer des machines et des disques en caoutchouc dur de 7 pouces en 1894 puis en gomme-laque à partir de 1895.

À partir de 1896, les gramophones de Berliner sont fabriqués par un machiniste basé à Philadelphie Eldridge Johnson, qui y ajoute un moteur à ressort, supprimant l’obligation de tourner le plateau à la main. Berliner ouvre également un bureau à New York, composé de Frank Seaman et O.D. LaDow et organisé que la National Gramophone Company.

Guerre de brevets et exil au Canada

Cependant l’entreprise connaît des débuts difficiles marqués par la course à l’enregistrement des brevets, l’espionnage industriel et les rivalités personnelles. Au cours des années suivantes, Berliner connaît d’autres conflits qui le conduisent à abandonner le contrôle de ses brevets aux États-Unis à son associé, Eldridge Johnson – qui réenregistrera la société sous le nom de Victor Talking Machine Company en 1904 – et de fonder une compagnie indépendante au Canada.

La version canadienne de la société est créé en 1899 à Montréal, et commence la commercialisation d’enregistrements sonores sur disques et de gramophones l’année suivante. En 1904, la compagnie st officiellement baptisée Berliner Gram-o-phone Company of Canada. Les premiers enregistrements sont enregistrés aux États-Unis puis importés, jusqu’à ce qu’un studio d’enregistrement voit le jour à Montréal en 1906.

Chef de file dans l’industrie de l’enregistrement au Canada, Berliner, en dehors du fait d’être extrêmement pointilleux sur la qualité de ses produits, conduit sa compagnie de façon presque impitoyable. Pendant de nombreuses années, il exige que ses détaillants vendent uniquement des produits Berliner, et que ceux-ci soient vendus aux prix fixés par la compagnie. Malgré une résistance soutenue à cette politique manifestée par les disquaires ou certains éditoriaux de journaux, Berliner refuse d’assouplir sa politique. La compagnie connaît une période faste, étant en plein essor au cours de la Première Guerre Mondiale et des années suivantes.

Déclin malgré Nipper

Afin de réduire les frais de droits d’auteur versés à Victor, Herbert Berliner, fils d’Emile et président du groupe, réduit le nombre d’enregistrements importés des États-Unis par la compagnie. La majorité des disques est alors enregistrée et gravée au Canada. Victor, mécontent de la situation exerce alors une pression considérable sur son rival, ce qui aboutira, on se sait trop comment, au départ d’Herbert Berliner en 1921, puis au rachat de la Berliner Gram-o-phone Company par Victor en 1924, celle-ci étant alors renommée Victor Talking Machine Company of Canada.

Parallèlement aux succès et déboires des entreprises Berliner sur le continent américain, une filiale de la Gram-o-phone Company basée à Londres, acquit pour une centaine de livres le tableau His Master’s Voice, représentant un petit chien, un Jack Russell nommé Nipper, près d’un gramophone. Berliner, de voyage en Angleterre en 1900 dépose alors immédiatement la marque His Master’s Voice et celle-ci deviendra la marque la plus connue mondialement, et ce même après la disparition de la Gram-o-phone Company.