Columbia

Les débuts en tant que fabricant de phonographes

étiquette columbia recordFondée aux Etats-Unis en 1888 par un avocat natif du New Jersey, Edward Easton, et s’appuyant sur l’héritage de l’American Graphophone Company, elle-même successeur de la Volta Graphophone Company, la Columbia Phonograph Company tire son nom du district de Columbia où son siège est implanté. Tout d’abord revendeur de phonographes Edison, dont elle avait le monopole de la commercialisation dans plusieurs états de l’est des Etats-Unis, Columbia commence à produire ses propres cylindres d’enregistrements musicaux, puis ses propres phonographes après la fin des relations avec la North Amerrican Phonograph Company d’Edison. Constatant les progrès technologiques apportés par le gramophone de Berliner et son support disque, Columbia sera la seconde société à commercialiser des gramophones et des enregistrement sur disques.

Devenu l’une des marques de gramophones majeures du pays en terme d’enregistrement et de diffusion du son, Columbia étend son catalogue en faisant enregistrer les plus grandes stars du New York Metropolitan Opera comme Lillian Nordica ou Antonio Scotti. Bien que le résultat soit encore de qualité moyenne, les bases de l’activité de Columbia en tant que label musical sont posées.

Après plusieurs années de développement, Columbia parvient en 1908 à fabriquer des disques comportant des rainures d’enregistrement sur chacun de ses cotés, lui permettant de contenir deux chansons au lieu d’une seule. Columbia commence alors la production de masse de ce disque nommé double-face (« Double-Faced disc ») et vendu 65 cents pièce. Le succès de ce disque est immédiat et la concurrence ne perdra pas de temps pour imiter Columbia. À peu près au même moment est introduit la gamme de meubles gramophones « Grafonola » pour rivaliser avec le très populaire « Victrola » du rival Victor Talking Machine.

En Juillet 1912, Columbia met un terme à la fabrication de phonographes à cylindre afin de se concentrer exclusivement aux enregistrements sur disque. La compagnie est scindée en deux : l’une produit des disques et l’autre des appareils. Cette dernière, renommée Dictaphone Company déménage dans le Connecticut.

Période de rachats successifs

Image graphophone company de columbiaMise sous séquestre durant l’année 1923, Columbia est racheté par son ancienne filiale anglaise, la Columbia Graphophone Company en 1925 qui améliore l’organisation et introduit un nouveau processus d’enregistrement électrique inégalé pour l’époque en terme de qualité. En 1926, le rachat de Okeh Records et de son écurie d’artistes de jazz et de blues, dont Louis Armstrong et Clarence Williams, vient grossir le catalogue déjà existant de Columbia dans le domaine. Columbia ne s’arrête pas là et fait signer de nombreux artistes country, genre musical destiné à devenir très populaire.

En 1931, la Columbia Graphophone Company fusionne avec la Gramophone Company et forme ainsi Electric & Musical Industries Ltd (EMI). Cependant, en raison des lois antitrust, EMI est contraint de vendre ses activités Columbia américaines à la Société Grigsby-Grunow, les responsables de la Radio Majestic.

pochette royal blue records de columbiaEn 1932, Columbia crée un efficace stratagème marketing à long terme avec sa collection de disques laqués bleus « Royal Blue Record ». Fabriqués jusqu’en 1935, ils sont particulièrement populaires auprès des collectionneurs pour leur rareté et leur intérêt musical.

Durant les années suivantes de la Grande Dépression, les phonographes et les gramophones deviennent un luxe du passé et rien ne peut ralentir le déclin de Columbia. Bien que la compagnie continue de produire certains des disques les plus remarquables de l’époque, Grigsby-Grunow connaît des problèmes financiers et est forcé de revendre Columbia pour seulement 70 000 dollars à l’American Record Corporation (ARC). Cependant, en 1938, ARC, Columbia inclus, est à son tour racheté, cette fois ci par CBS (Columbia Broadcasting System). C’est la seconde fois que Columbia est racheté par une ancienne filiale, Columbia ayant participé à la création de CBS en 1927.

Un label qui perdure

pochette sinatra the voice lpSous CBS, Columbia va prospérer à nouveau notamment grâce au célèbre crooner des années 1940, Franck Sinatra qui enregistre plus de 200 morceaux pour Columbia. L’invention du LP (« Long Play ») par Columbia en 1948 permet à l’industrie musicale de prendre une nouvelle dimension, le concept d’album LP devenant la norme pour un demi-siècle, notamment après le succès de The Voice de Sinatra. Opéras, comédies musicales, bande originales de films… Columbia se diversifie et façonne le paysage de l’offre musicale de son époque.

Pendant les années 1950 et 1960 Columbia, notamment porté par un catalogue country très populaire, est l’un des plus grand labels de musique du monde, et ce même si ses réticences vis-à-vis du rock le font échouer à faire signer un contrat avec un certain Elvis Presley…
Le label est alors porté par de grands artistes de styles différents : le chanteur country Johnny Cash, le jazzman Miles Davies ou encore le chef d’orchestre Leonard Bernstein. Continuant sa diversification Columbia va signer des artstes pop funk et rock tels Janis Joplin, Simon & Garfunkel et Bob Dylan et asseoir sa notoriété mondiale pour les décennies à venir.

Racheté en 1988 par Sony au début de l’ère du CD, Columbia reste de nos jours un des labels premium de Sony Music, avec un catalogue d’une centaine d’artistes dont certaines immenses stars comme Bruce Springsteen, Beyoncé, Adèle ou le groupe AC/DC.